Cycles économiques : les leçons de l’histoire

Il y a mille et une façons d’aimer l’histoire ; souvent, pour le simple plaisir que procure une compréhension du passé. Pourtant, les économistes en exigent davantage encore : ils aspirent à expliquer, à lui extorquer un enseignement applicable au présent, de surcroît doté d’un pouvoir presque divin, celui d’être en mesure de guider la politique économique et sociale à venir. Lorsque j’ai commencé à étudier l’économie il y a près de quarante ans de cela, l’histoire de la pensée économique était en plein essor. Aujourd’hui, elle est, au mieux, en sommeil, au pire, elle disparaît des cours d’économie. La principale raison de la méfiance à l’égard de ce domaine de spécialité réside certainement dans le fait que la discipline issue de la rencontre entre l’histoire, la philosophie et l’économie est aujourd’hui peu visible et attire peu d’étudiants. Dans une large mesure, j’ai le sentiment que le défi de l’histoire de la pensée économique est désormais de revenir de manière plus systématique sur les grandes questions contemporaines et, ce faisant, de montrer comment l’approche historique peut être utilisée avec avantage pour mieux éclairer, par analogie et sans paralogismes, nombre de questionnements actuels. Bref, il semble important de relancer l’histoire de la pensée économique, aussi afin de participer à l’élaboration de réponses collectives aux enjeux du 21ème siècle. Ce chapitre introductif est un plaidoyer en faveur de ces principes et une très modeste partie du processus lui-même. Il présente une entrée en matière, forcément sélective, à l’histoire des cycles économiques.