Gouvernance de l'eau : gérer un bien commun territorialisé

L'eau porte en elle des problématiques d'une grande complexité. Les représentations de l'eau se sont empilées au fil du temps entre conception utilitaire et conception patrimoniale, entre risque et ressource, entre consommation et préservation, entre expertises et savoirs locaux. Elle est à la fois ressource, service, menace ; tantôt considérée comme un bien commun et un droit fondamental , tantôt réduite à un bien économique et un consommable. On constate de nombreux conflits d'usage tant sur la question de sa qualité que de sa quantité. On est alors frappé par la forte dimension technique et institutionnelle de la gestion de l'eau qui est pourtant un élément des plus naturels qui soit. Mais il semblerait que ses diverses tensions soient aussi porteuses de nouvelles formes de régulation. On remarque ainsi qu'une multitude d'acteurs intervient dans la gestion de l'eau. Bien qu'il soit difficile de leur faire partager un diagnostic comme de leur faire adopter une stratégie commune, les compromis et les ajustements restent heureusement possibles : parfois même ils mènent à des solutions innovantes et à des expérimentations audacieuses. Ainsi les lois et directives en vigueur favorisent des objectifs de gestion intégrée et de gestion participative de l'eau. C'est sur cette base que la problématique de l'eau a été saisie par la Fabrique 1 du Collège régional de prospective dans le cadre de nos réflexions sur la société de la connaissance. Le cas de la gestion de l'eau nous a semblé un terrain propice pour donner à voir l'entrelacs des acteurs et parties prenantes en jeu, pour souligner l'enrichissement mutuel des savoirs experts et profanes, scientifiques ou d'expériences, et pour concilier interrogations de portée universelle et interrogations localement encastrées. Nous avons souhaité nous demander, dans le cadre d'une réflexion globale sur l'action publique et d'une responsabilité sociale accrue