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Évolutions des contextes professionnels, vieillissement de la main d'œuvre, multiplication des " scandales sanitaires professionnels " : la question de la santé au travail est progressivement revenue sur le devant de la scène, notamment dans sa dimension mentale. La lutte contre les " risques psychosociaux " (RPS) apparaît comme fondamentale, du fait de leurs enjeux, tant économique (coût de l'absentéisme et du turn-over), social (dégradation du climat social), juridique (responsabilité pénale de l'employeur engagée) que politico-médiatique (focalisation de l'opinion publique et de la classe politique). Parmi l'ensemble des acteurs de la prévention des RPS, les consultants externes sont des acteurs souvent mobilisés par les organisations. La mission de ces acteurs est de réaliser un diagnostic de la situation psychosociale de travail, repérant les sources des maux psychosociaux, les processus de dégradation de la santé mentale des individus et proposant des pistes d'amélioration de cette situation. Cette mission préventive s'inscrit donc, à première vue, dans un contexte global de prise en compte du bien-être au travail, visant à concilier " efficacité économique " et " efficacité sociale ", afin de tendre vers une situation organisationnelle et managériale durable. Cependant, il conviendrait de s'interroger sur le caractère réellement " durable et bienveillant " (au sens concilier l'économique et le social) de ce processus de prévention: en effet, la diversité des solutions pouvant être préconisées (réorganisation du travail, formation, écoute psychologique...), la multiplicité des approches représentatives des RPS, et les marges d'interprétation qui en découlent, semblent témoigner de l'existence d'un jeu d'acteurs, d'un conflit de représentations des RPS entre Direction et salariés (ou leurs représentants), plaçant les cabinets-conseil comme " garants scientifiques partiaux". Ainsi, notre problématique sera : " Dans quelle mesure l'action des consultants dans la prévention des risques psychosociaux peut-elle avoir un impact sur les solutions mises en place ?" Cette question visera à interroger et analyser l'action des consultants externes intervenant dans l'entreprise à la demande de la Direction, des représentants des salariés ou du Comité d'Hygiène et de Sécurité des Conditions de Travail (CHSCT), au regard des intérêts divergents de ces derniers, des luttes symboliques dans la construction sociale et le traitement de la question des RPS. La méthodologie de recherche qui sera retenue sera d'ordre qualitative : en effet, notre objet de recherche induit une contextualisation des données et une lecture au regard des enjeux et intérêts spécifiques de la situation de travail et de ses acteurs. Ces données qualitatives sont récoltées via entretiens semi-directifs de consultants intervenant au sein d'organisations diverses (statut, secteur d'activité...), à la demande de différents commanditaires (Direction, syndicats, CHSCT) et appartenant à différents types de cabinets (typologie restant à préciser). L'enquête empirique s'appuie également sur la technique de l'observation non-participante de missions préventives en entreprise, données qui seront croisées avec des documents internes (du cabinet-conseil et de l'entreprise cliente). Les premiers résultats semblent tendre (thèse en cours) vers une certaine " partialité " des consultants externes, et plus largement des cabinets-conseil, dans la réalisation de leur mission préventive : intervenant sur un objet, les RPS, ouvrant la voie à de multiples interprétations, notamment en termes de responsabilités imputables, ils semblent s'inscrire dans une certaine logique d' " expertise partiale ", défendant et préservant les intérêts de leur commanditaire. Ainsi, un premier type de cabinet-conseil, proche des organisations syndicales, privilégie une approche socio-organisationnelle ou ergonomique des RPS, tandis que le second type, plus proche du management, privilégie une approche plus individualisée et psychologisante. Il semble également exister de petites structures visant à marier prise en compte de l'organisation et du psychologique. Le processus de prévention des risques psychosociaux du travail par les consultants externes semble donc constituer un processus managérial durable et bienveillant en façade, mais conflictuel et " partialement bienveillant " en réalité.
Suggested Citation
Tarik Chakor, 2012.
"La démarche de prévention des risques psychosociaux par les consultants externes : une approche en termes de représentations sociales,"
Working Papers
halshs-00752824, HAL.
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