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Abstract
L'objet de cette recherche a été d'étudier les processus politiques et institutionnels de construction des sciences et des techniques en biologie moléculaire et en génétique, et de leur inscription, dans le contexte sociétal français des années 1980'-90', dans des espaces productifs qui sont articulés à ces domaines par l'innovation, via les biotechnologies. Les modalités, et les conséquences sur l'espace industriel (groupes industriels, PMI et start ups) et l'espace professionnel académique et biomédical, des interactions entre des dispositifs institutionnels visant à un couplage science-innovation, et les configurations d'acteurs porteuses des logiques d'interdépendance scientifique et technique, sont étudiées sur une première période 1985 – 1996. Ces mécanismes institutionnels sont analysés comme un exemple de politique S§T de court terme, discontinue, et sans anticipation dans un contexte d'incertitude, n'ayant pas les effets attendus de spirale vertueuse économique et de co-production de connaissances entre action publique, recherche et industrie. Mais en même temps que les dispositifs institutionnels, mis en place par l'acteur significatif qu'est l'Etat, dessinaient un fonctionnement des activités de R/D privée et publique formellement organisées et financées, les cadres mêmes de ce fonctionnement se trouvent modifiés sous l'impulsion d'une autre dynamique. En effet, les processus d'avancées scientifiques et technologiques, l'interférence avec le niveau international de la R/D et la concurrence avec d'autres systèmes de recherche et d'innovation, les impacts indirects des institutions et des arrangements organisationnels au niveau mondial, créent par leurs interactions un changement cumulatif et irréversible de long terme, des effets de système, qui génèrent des modifications de la configuration nationale des relations science/monde socioéconomique et de leurs référents. Les changements sont étudiés sur les plans technologique, cognitif, et de l'organisation scientifique. Sur cette première phase, il est mis en évidence que les mécanismes d'incitation et de coordination, segmentés, mais imbriquant acteurs publics et privés, mis en place par les dispositifs d'action publique, n'ont pas été mis en cohérence avec la dynamique propre des logiques de diffusion et d'interdépendance des avancées scientifiques et techniques en sciences du vivant. En dépit de l'apparente inefficacité de la politique S§T pour un couplage science/innovation, des apprentissages cognitifs et organisationnels ont conduit cependant à constituer les pré-requis fonctionnels de l'émergence d'un espace d'innovation, fondé sur une nouvelle forme d'imbrication entre science et technologie, où firmes industrielles, nouvelles entreprises de biotechnologie, laboratoires de recherche publics et privés et services cliniques doivent être associés à tous les stades d'élaboration et de diffusion des produits de la recherche génomique et biomédicale (1996à). Dans cette seconde phase, un nouveau dispositif d'action publique est lancé, d'articulation science/industrie, avec cette fois un ancrage territorialisé (génopole d'Evry). D'un point de vue économique et politique, les systèmes d'innovation territorialisés constituent une configuration institutionnelle de processus d'apprentissages collectifs, que l'on ne peut réduire à une fonction de coordination d'activités hétérogènes dans le cadre de formes particulières de "gouvernance" localisées. La constitution d'un pôle de recherche et de développement économique en SDV ayant une dynamique propre fondée sur un ancrage localisé, implique en effet une remise en cause du schéma mécaniste linéaire découverte scientifique -> applications technologiques -> opportunités économiques. Le problème n'est donc pas tant, comme le préconisait l'AFM, acteur privé moteur de l'émergence de la génomique en France, de participer à la résorption de "goulots d'étranglement" sur une « filière du gène au médicament », que de créer les conditions du passage, qui n'est pas fortuit, d'une concentration d'activités de recherche et développement à un système localisé d'innovation, d'un effet d'agglomération à une synergie porteuse de ressources spécifiques, valorisables à la fois dans des produits de recherche à usage industriel (biens privés) et dans des valeurs d'usage académique préservant l'éventail des développements scientifiques et techniques possibles (biens publics).
Suggested Citation
Anne Branciard, 1999.
"Espace d'innovation dans la biologie et recomposition d'espaces productifs,"
Working Papers
halshs-00087208, HAL.
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RePEc:hal:wpaper:halshs-00087208
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