Les transformations du marché du travail des chercheurs en entreprise

S'il est communément admis que l'innovation est une dimension centrale de l'avantage comparatif des firmes, la construction des compétences productives constitue l'autre versant de leur efficacité. De ce double point de vue, les salariés ayant une activité de R&D dans les entreprises constituent l'un des facteurs principaux de leur compétitivité. On comprend donc l'enjeu que représente une meilleure compréhension de la manière dont fonctionne le marché du travail des chercheurs. En France, il existe cependant peu de travaux empiriques systématiques sur ce thème. L'utilisation des enquêtes réalisées par le Menrt permet de combler cette lacune. L'article analyse les évolutions entre 1984 et 1997 qui découlent de deux transformations majeures articulées l'une à l'autre : les besoins accrus des entreprises en recherche fondamentale, couplés à l'explosion scolaire, entraînent des concurrences plus vives entre diplômes ; l'émergence de nouveaux modèles d'entreprises qui impliquent une intégration plus forte de la R&D et des autres activités productives. Les résultats confirment globalement ces hypothèses : augmentation du poids des doctorats et des diplômes bac+3 à 5, diminution des ingénieurs et des titres les plus faibles ( bac+2) parmi les emplois de chercheurs ; évolution des mobilités dans le sens d'une importance accrue du marché interne de la firme pour les entrées et sorties du métier de chercheur. Toutes ces transformations sont très liées à la taille de la firme.