Introduction historico-économique au paradigme productif rhumier

Si l'apparition du rhum en tant que tel est relativement tardive, son histoire est ancienne. En effet, il faut remonter à l'origine de la canne à sucre dont il est issu pour en saisir les enjeux profonds et multiples. Cette histoire nous conduit de la Nouvelle-Guinée dix mille ans avant notre ère d'où proviendrait la canne à sucre (Saccharum officinarum), et son adoption antique puis médiévale par différentes cultures et civilisations. La canne à sucre se déplace ainsi vers l'ouest arrivant et passant dans les mains des Chinois, des Indiens, des Perses, des Arabes, des Européens, puis elle traverse l'Atlantique pour arriver aux Amériques et aux îles Caribéennes. Ce déplacement vers l'ouest conduira à la mise en place d'un mode singulier de production du sucre avec des recettes productives particulières que l'on peut définir comme un paradigme productif. Ce paradigme productif particulier, développe des principes généraux et des recettes productives qui seront ainsi appliqués partout où la production de sucre se développe. La découverte du rhum est postérieure à celle de la production du sucre et de la découverte de l'Amérique par les Européens. Le sucre qui fait rapidement l'objet dès le XVIe siècle d'une forte demande, exige d'abord de la part des Portugais et dans une moindre mesure des Espagnols, la mise en exploitation de plantations de plus en plus importantes dans leurs nouvelles colonies. Un siècle plus tard, la même tendance se trouvera chez les Anglais et les Français. C'est cette augmentation des surfaces cultivées en canne à sucre qui permet de découvrir la possibilité à partir du jus de canne ou de la mélasse résiduelle, une nouvelle boisson fortement alcoolisée : le tafia qui deviendra par la suite le rhum.