Le partage du revenu primaire des sociétés non financières confirme-t-il les conclusions du rapport Oxfam ?

Le partage du revenu primaire des sociétés non financières confirme-t-il les conclusions du rapport Oxfam ? Résumé À la suite de la publication du rapport Oxfam de mai 2018, nous tentons de donner ici une vue d'ensemble de la répartition en élargissant :-Le périmètre de l'étude (ensemble des Sociétés Non Financières (SNF) et pas uniquement les sociétés du CAC 40)-Le champ de l'analyse (part des Salaires, de l'EBE, de l'intérêt, des dividendes dans la VAB, et/ou dans l'EBE, et pas uniquement les dividendes dans le résultat net)-La période de l'étude (de 1949 à 2017). Cette mise à distance nous a permis de souligner quelques faiblesses du rapport Oxfam (choix du résultat net comme indicateur du profit par exemple), mais elle a aussi montrée en creux la spécificité des entreprises du CAC 40 par rapport à l'ensemble des SNF, et a permis de porter un regard critique sur des reproches dénués de rigueur scientifique qui ont été adressés à ce rapport. Il ressort de notre étude qu'à partir de la fin des années 1980 la financiarisation des SNF devient manifeste : non seulement les dividendes versés se substituent peu à peu aux intérêts versés, mais leur part dans l'EBE (ou la VAB) grimpe en flèche, ce qui a été possible parce que les SNF reçoivent également une part croissante de dividendes. L'augmentation simultanée des dividendes versés et reçu mesure assez précisément le degré de financiarisation (et d'imbrication) des SNF. La part d'activité financière des SNF n'est cependant pas la seule à croître, la part de la VAB des Sociétés Financières (SF) dans la VAB de l'ensemble des secteurs augmente aussi, ce qui révèle un développement iatrogène de l'intermédiation financière dans le capitalisme d'aujourd'hui, au détriment de la production de biens et services finals.