La coopération européenne en matière d'enseignement de la gestion prisonnière de la subsidiarité

Les systèmes nationaux d'enseignement supérieur en Europe sont très différents, de par leurs institutions spécifiques (tutelle, type de gouvernance etc.), leurs structures propres et leurs traditions pédagogiques nationales. En particulier, la conception de la gestion en tant que discipline académique varie sensiblement d'un pays à l'autre et donne lieu à des formes de cursus très diverses, y compris au sein même de chacun des pays. Nous nous intéressons en détail à cette diversité et discutons longuement une typologie de ces systèmes. Toutefois, malgré cette diversité, le rapprochement des institutions d'enseignement, sur la base de l'échange, est ancien : dans l'intérêt des différents pays, un espace éducatif européen, élément indispensable pour forger une citoyenneté européenne, doit correspondre à l'espace économique et humain européen. En particulier, l'enseignement européen de la gestion, qui doit être construit dans un souci de reconnaissance mutuelle plus que par la recherche systématique de la standardisation, se doit d'être consolidé pour faire de l'entreprise européenne une réalité naturelle. Plusieurs étapes caractérisent ce processus de coopération, de la période de l'isolement à la réalisation d'un espace éducatif. Pour le moment, la coopération bute sur un échange mécanique fondé sur les flux de mobilité d'étudiants, alors que nous plaidons ici pour une coopération de dimension européenne et qui fasse intervenir l'Europe à chacune des étapes de la chaîne de valeur éducative. Mais pour y parvenir, les pays européennes [sic], qui ont jusque là privilégié la coopération au niveau des cursus, doivent s'interroger sur la seconde dimension de leur diversité, celle des modes de tutelles, et remettre en cause leur isolement national de manière à relancer la coopération en donnant désormais un sens plus qualitatif à la forme d'échange jusqu'ici pratiquée.