De Blériot à Airbus (1909-2024)

Aujourd'hui l'aéronautique représente une activité majeure en Europe – malgré la crise liée au coronavirus – et Airbus symbolise cette réussite en s'inscrivant dans une histoire centenaire. Le groupe proprement dit a fêté les 50 ans de sa création en 2020. L'activité industrielle compose le cœur de cette aventure, mais au-delà de la production d'avions et de la création de lignes aériennes, les aéroports constituent également de formidables enjeux économiques, sociaux et culturels, voire politiques, même si la fragilité de ces nouveaux « lieux de vie » apparaît flagrante désormais. Cet ouvrage éclaire donc une actualité récente très riche en décrivant, dans le temps long, la mise en place de ces nouvelles activités. Il part du premier avion populaire, fabriqué en série à près de 1 000 exemplaires : le Blériot XI qui a traversé la Manche le 23 janvier 1909. Les étapes successives de cette longue aventure industrielle et sociétale sont ensuite abordées en intégrant les dimensions civiles et militaires sans oublier leurs manifestations culturelles. D'ailleurs, dès cette fameuse année 1909, a lieu le plus grand spectacle populaire mondial : « La Grande Semaine d'aviation de la Champagne » qui rassemble 100 000 spectateurs le jour de son inauguration et près de 500 000 en sept jours. Lors des décennies suivantes, les deux guerres mondiales révèlent le rôle essentiel de l'arme aérienne tandis que le réseau des grandes lignes transcontinentales et transatlantiques se met en place. Après 1945, l'avion à réaction triomphe, franchissant le mur du son. Ces exploits techniques s'accompagnent d'une démocratisation du transport aérien. Au début des années 1920, probablement moins de 5 000 passagers étaient transportés par les airs chaque année, en 2019 ce nombre semble se rapprocher inexorablement des cinq milliards de passagers transportés annuellement, il s'agit donc d'une multiplication par un million du trafic aérien, sans prendre en compte la longueur des trajets qui augment également considérablement. Derrière cette impressionnante croissance il y a l'élaboration et la production massive d'avions de plus en plus fiables et, surtout, enfin rentables à partir des années 1930 avec le DC-3 de Douglas. L'Europe, théâtre principale de la Deuxième Guerre mondiale, accuse un important retard en 1945. Le grand défi de ses dirigeants et de ses industriels consiste à relancer une industrie aéronautique capable de faire face au triomphe étatsunien. Des investissements gigantesques s'avèrent alors nécessaires pour la mise au point de nouveaux appareils, ceci engendre une concentration des avionneurs aboutissant, dans le domaine civil, à un duopole mondial Airbus-Boeing. L'Europe occidentale, berceau de l'aéronautique, a donc réussi à surmonter ses divisions et sa ruine après 1945 pour se maintenir sur le devant de la scène mondiale, du moins dans le domaine de l'aéronautique civile. Elle doit aujourd'hui affronter de nouveaux défis, en particulier ceux liés aux confinements et à l'environnement. Ce dernier est porté par le mouvement « Stay on the Ground ». De plus, ces challenges sont exacerbés par la crise du coronavirus et la guerre en Ukraine, alors les mutations envisagées s'accélèrent. Connaître les ressorts de ce long cheminement constitue donc un préalable incontournable avant d'envisager l'avenir de l'aéronautique. En effet, les débats tendent à devenir houleux entre les passionnés d'aviation et les écologistes militants. Le regard de l'historien doit donc apporter de l'objectivité et de la sérénité.