Collaborer et construire une gestion interculturelle adaptée à des territoires durablement dégradés : les cas des ONG françaises de solidarité internationale

Le sixième rapport d'évaluation du GIEC démontre que « l'influence humaine a réchauffé l'atmosphère, les océans et les terres (et va entraîner) des changements rapides et généralisés dans l'atmosphère, les océans, la cryosphère et la biosphère » et que « la vulnérabilité des éco-systèmes et des populations au changement climatique varie considérablement d'une région à l'autre […] , sous l'effet […] des schémas historiques et permanents d'inégalités tels que le colonialisme ». Sont particulièrement concernées par ces nouvelles vulnérabilités les pays con-sidérés par l'OCDE comme moins avancés (les PMA) ou en développement (PED). Ainsi, il semble prometteur d'appréhender comment, sur certains de ces territoires déjà durablement dégradés économiquement et socialement, des organisations gèrent le facteur aggravant du réchauffement climatique sur les vulnérabilités. En particulier, il est pertinent de comprendre comment les organisations non gouvernementales (ONG) contribuent, en adaptant leur outil-lage gestionnaire, à construire des dynamiques territoriales inclusives et environnementales. Actrices du temps long, comment les évolutions de leurs terrains d'intervention, notamment celles dues à l'impact de la crise climatique sur les autres types de vulnérabilités, influencent-elles leurs pratiques de gestion ? Quelles réponses organisationnelles construisent-elles en réac-tion ? Cette double relation engendre-t-elle le développement de nouvelles actions, de nou-velles coopérations, ou de nouvelles alliances ? Nous proposons d'illustrer cette question de recherche en nous appuyant sur un travail de comparaison d'études de cas menées au sein de deux ONG françaises historiques de solidarité internationale (le CCFD-Terre Solidaire et le Secours Catholique français). Nous mobiliserons chemin faisant plusieurs approches théo-riques : les approches post-coloniales de gestion ainsi que la théorie de l'acteur réseau et celle du care, qui permettent d'appréhender l'articulation entre impératif écologique et impératif social. Notre principale contribution sera de proposer une modélisation des dynamiques de développement et d'encastrement local des organisations dans des conditions durablement dégradées.