La performance du secteur bancaire : d'une performance financière vers une performance durable ?

L'analyse du concept de performance a fait l'objet de nombreux travaux en sciences de gestion (Bouquin 1986 ; Bourguignon 1995 ; Bessire 1999 ; Giraud et al. 2004). Au sens strict, une performance est un résultat chiffré dans une perspective de classement, l'évaluation de la performance se construit donc au regard d'une référentiel, d'une échelle de mesure (Pesqueux 2004). Dans le secteur bancaire la performance est généralement mesurée par des indicateurs financiers tels que le Retour sur fonds propres (ROE – Return on Equity) ou le Produit Net Bancaire (PNB) qui est la somme de la marge d'intermédiation et des commissions. Le ROE est souvent critiqué car il ne permet pas une évaluation optimale de la performance, en particulier car il ne tient pas compte de l'appréciation du risque. En effet une banque peut être bénéficiaire à court terme mais présenter un risque de faillite à moyen ou long terme en raison de risques non maîtrisés. En réalité la maitrise des risques n'a pas toujours été au coeur de la gestion des banques et les faillites d'établissements bancaires ont souvent été sans conséquence pour l'économie en raison de leur taille qui pendant longtemps n'était pas considérée comme systémique. Par ailleurs en France avec les nationalisations des années 80 les banques étaient contrôlées par l'Etat qui décidait du niveau de risque adéquat et pouvait les recapitaliser en cas de difficulté. Mais la situation a changé avec la transformation du secteur bancaire français d'un capitalisme d'état à un capitalisme financier. Ces évolutions dans la propriété du capital des banques, couplés à la libéralisation financière, ont transformé les politiques des banques et plus particulièrement en ce qui concerne les critères de gestion et de gouvernance (Plihon et al. 2006). Face aux dérives potentielles dans la gestion des banques et la course à la rentabilité financière, l'Etat a mis en place des dispositifs de contrôle du secteur bancaire avec pour objectif la prévention d'un accroissement du risque qui serait incompatible avec la sécurité des épargnants et la stabilité du système bancaire et financier (Aonzo et Heem 2003). Cet objectif a conduit l'industrie bancaire à devenir une des industries les plus régulées au monde ceci afin de prévenir les conséquences préjudiciables, pour l'intérêt général, d'une gestion imprudente des établissements de crédit.