Les conditions du renouveau du fret

Si certains objectifs de la politique des transports sont objet de controverse, d'autres apparaissent comme consensuels, tel l'objectif de fluidité des transports urbains ou celui de la maîtrise des effets des transports sur l'environnement. On peut encore citer, parmi les objectifs qui paraissent raisonnables, le redressement du fret ferroviaire, car on aperçoit de plus en plus clairement les inconvénients d'une expansion excessive du fret routier. Les études de trafic s'accordent à identifier trois domaines déjà marqués, ou susceptibles de l'être dans un proche avenir, par des phénomènes de congestion : quelques grands corridors proches de la saturation, les franchissements montagneux et les aires métropolitaines. Dans chacun de ces cas, la question se pose de savoir ce que peut être la contribution du système ferroviaire au traitement ou à la prévention de ces difficultés. En matière de transports de personnes, les réponses sont convenablement établies, que ce soit par de multiples travaux qui concernent les transports urbains ou par les études ex ante ou ex post que suscite le développement des lignes à grande vitesse. En matière de transports de marchandises, le problème a été peu abordé jusqu'à une période récente, soit que l'on fasse l'hypothèse que la congestion est une affaire de voitures particulières, qu'il s'agisse des heures de pointe en milieu urbain ou des encombrements saisonniers des réseaux autoroutiers, soit que l'on fasse celle où la tendance à long terme de baisse des parts de marché du fer est appelée à se poursuivre, laissant ainsi à la route le soin d'assurer toute la croissance des trafics de fret. Ce premier paragraphe a pour objet de montrer que la première hypothèse est quelque peu hâtive et que les encombrements pourront être aussi, à l'avenir, une affaire de camions. Cela conduit à examiner la seconde hypothèse, celle de l'effacement du fret ferroviaire. En interrogeant rapidement l'histoire du marché du fret (partie suivant), nous verrons qu'elle s'inscrit dans une tendance longue. L'explication de cette évolution conduit à un schéma qui décrit la mécanique de long terme de ce marché (troisième partie) sur la base duquel un modèle de simulation peut être établi afin de pouvoir explorer les avenirs possibles. Nous verrons alors que ces simulations nous suggèrent, certes, que la déflation du fret ferroviaire reste la plus vraisemblable (quatrième partie), mais qu'elles nous disent aussi à quelles conditions elle pourrait être infirmée (cinquième partie).