Métropolisation et segmentations du territoire

Les dynamiques économiques et sociales sont à l'origine de la prospérité de l'agglomération lyonnaise; en revanche, leur inscription territoriale à cette échelle comme à une échelle métropolitaine donne l'image d'un territoire segmenté. La pression foncière, le besoin d'espace et d'accessibilité à la main d'œuvre ont rapidement conduit à la division fonctionnelle de la ville industrielle, distinguant ainsi les « quartiers ouvriers proches des usines », situés à l'est et au sud en direction des vents dominants, des « beaux quartiers bourgeois de l'ouest et du centre », protégés et inaccessibles aux «classes laborieuses». L'afflux de la main d'œuvre et la multiplication des logements insalubres et des bidonvilles ont conduit à construire vite des habitations bon marché pour accueillir les familles défavorisées, en séparant les fonctions urbaines et en renforçant ainsi la division de l'espace. La prospérité retrouvée lors des Trente Glorieuses a permis d'améliorer les conditions de vie et de démocratiser l'accès à la voiture pour les ménages qui commencent à opter pour des localisations périphériques. Le processus d'étalement urbain est déjà enclenché et l'aire de fonctionnement de la ville dépasse les découpages administratifs. La crise des années 1970 sonne le glas de trois décennies de croissance économique continue et de plein emploi, et ouvre une aire de désindustrialisation, de chômage et de mutations sociales qui s'accentuent à partir des années 1980.