L’héritage égalitaire et étatique en Europe centrale et orientale

L'égalitarisme et l'étatisme sont deux aspects distincts de l'héritage du socialisme de type soviétique. Ils différent au regard de l'histoire de l'Europe centrale et orientale: alors que l'égalitarisme (du moins dans sa version «égalité sociale») est lié de façon tant logique qu'historique avec le socialisme, l'étatisme est quant à lui antérieur à celui–ci. Le soviétisme n'a pas inventé la dépendance de la société à l'égard de l'Etat: il n'en a développé que les formes. Sous la Monarchie autrichienne déjà, l'Etat jouait un rôle pilote dans le développement de l'économie. Par la suite, pendant l'entre--deux–guerres, l'étatisme s'est encore renforcé dans la plupart des pays de la région, sauf peut–être en Tchécoslovaquie. Enfin, l'année 1945 allait inaugurer une période de nationalisations qui n'était pas inspirée par le seul communisme. Souvenons–nous qu'à la même époque des pays comme la France, la Grande–Bretagne, l'Autriche, etc., ont également connu une vague de nationalisations. Dans cet article, P. Kende s'intéresse donc au degré d'imprégnation des sociétés centre-européennes par les idées égalitaires et protectionnistes, et à la façon dont l'égalitarisme et l'étatisme coexistent avec le nouveau capitalisme. Il se pose également, au terme de cette analyse, la question des répercussions de l'héritage égalitaire et étatique sur l'action sociale.