Flexibilité du temps de travail et relation d'emploi

Il est de plus en plus reconnu que la flexibilité du travail et de l'emploi constitue un choix stratégique de gestion, qui marque le dépassement de la conception traditionnelle réduisant la flexibilité à une capacité d'adaptation aux contraintes contextuelles (Reix, 1979 et 1997; Volberda, 1992 ; de Nanteuil-Miribel et alii, 2004). Cet article étudie comment la flexibilité prend sens chez les individus et les groupes, comment son recours est perçu et justifié. Pour étudier ce mécanisme d'appropriation, il faut considérer la relation d'emploi dans ses diverses composantes constitutives. La naturalisation des pratiques de flexibilité, ses bénéfices perçus en matière de conciliation des différents temps - privé et professionnel - ainsi que son effet sur l'adaptabilité des compétences et surtout des horaires de travail sont les trois registres d'appropriation de ces choix de gestion. L'étude de deux configurations particulières de travail flexible (le temps partiel et l'annualisation du temps de travail dans le secteur de la grande distribution et le télétravail dans le secteur IT) révèle la prégnance du concept de disponibilité temporelle comme enjeu majeur de la flexibilité du travail, et dès lors comme déterminant du sens donné à ces modes de gestion. Les auteurs montrent ainsi qu'une gestion flexible du travail amène l'instauration d'une relation d'emploi singulière où la maîtrise partielle du temps individuel par l'organisation est obtenue contre une réponse incomplète aux aspirations des travailleurs.