Les systèmes et opérateurs de télécommunications européens : du rattrapage managerial à la psychanalyse organisationnelle

Notre première hypothèse est que la modélisation et les méthodes de l'économie des télécommunications sont insuffisantes pour analyser les structures et le comportement organisationnels dans le champ des systèmes et opérateurs historiques de télécommunications. Nous avons montré que la contribution de l'économie des télécommunications se situe à trois niveaux : l'analyse de l'organisation industrielle des réseaux, le modèle économique du réseau et, comme composante dudit modèle, une théorie des coûts d'un réseau. Notre deuxième hypothèse est que l'analyse des structures et du comportement organisationnels dans le champ des systèmes et opérateurs historiques de télécommunications relève d'un processus de rattrapage managérial pour lequel les concepts et outils des sciences de gestion sont pertinents. Pour valider cette hypothèse, nous avons procédé à une analyse diachronique des structures de France Télécom, à une analyse synchronique de son système de gestion, à une analyse comparative des grands opérateurs historiques européens de télécommunications et enfin à une étude synchronique et le plus possible comparative de leurs structures Internet. Selon notre troisième hypothèse, les concepts et surtout la méthode de la psychanalyse ont une valeur heuristique en sciences de gestion pour analyser les structures et le comportement organisationnels des systèmes et opérateurs historiques de télécommunications. En effet, si le rattrapage managérial à l'œuvre est en train de permettre aux opérateurs de télécommunications de devenir des « entreprises comme les autres », la question des points d'ancrage théorique de leur analyse demeure posée : une approche intégrant la psychanalyse organisationnelle et le rôle des processus inconscients a donc été proposée en troisième partie. On augmente ainsi le degré de complexité de l'analyse de l'organisation mais on répond ipso facto à une exigence d'exhaustivité et de profondeur dans la prise en compte des phénomènes qui sont au cœur de la dynamique organisationnelle. Ce faisant, sont apportés des éléments de validation à la théorie de la structuration.