(In)Compatibles ? Approche multirisque et multiscalaire des travaux de réduction de la vulnérabilité

En France, la politique publique de réduction de la vulnérabilité aux risques "naturels" est conçue par type d'aléa. Si cette approche permet le développement d'expertises, elle présente toutefois des inconvénients majeurs : occultation d'effets en cascade, invisibilisation de vulnérabilités croisées, incapacité d'intégrer la complexité dans les décisions politiques et collectives. Les guides et référentiels techniques de réduction de la vulnérabilité produits par les acteurs publics sont le reflet de cette politique. Centrés autour d'un risque, ils comportent rarement une dimension réflexive inter-risques. Or, certaines interventions censées réduire la vulnérabilité à un risque précis peuvent être de nature à générer une nouvelle vulnérabilité par rapport à un autre risque. L'imperméabilisation des sols permet par exemple de limiter le phénomène de retrait-gonflement des argiles mais empêche l'absorption des eaux en cas d'inondation et favorise la création d'îlot de chaleur urbain. Réalisée dans le cadre d'un travail doctoral, cette contribution au congrès international Géorisque vise à présenter la méthodologie développée afin d'examiner la compatibilité ou l'incompatibilité des travaux de réduction de la vulnérabilité recommandés, à travers trois échelles complémentaires et en interaction : le bâtiment, l'îlot et le territoire. Cette méthodologie intègre 24 risques majeurs d'origine naturelle, technologique ou liés au dérèglement climatique. Elle se déploie en trois phases : inventaire et classement des travaux de réduction de la vulnérabilité (par risque) ; étude de la compatibilité des travaux portant sur un même élément technique (par échelle, sous forme de dessin technique) ; exploration d'articulation de contraintes contradictoires (par études de cas). Cette approche multirisque ambitionne de prendre en compte un très grand nombre de risques majeurs simultanément. A travers cet outil, l'un des enjeux à terme est de permettre la préconisation de travaux de réduction de la vulnérabilité compatibles entre eux.