Rendre compte de ses engagements dans la transition agricole par la comptabilité de gestion écologique

L'agriculture moderne fait face à un nombre croissant d'enjeux naturels et humains. L'entrée de notre civilisation dans l'ère de l'Anthropocène induit une révolution de nos modes de production pour assurer la continuité de nos systèmes agricoles, fondement de nos sociétés civilisés modernes produisant des ressources indispensables à notre survie dans le système Terre. Si les causes à l'origine des changements dans le secteur et les efforts à fournir pour amorcer une transition globalisée sont clairement identifiés, la tendance des marchés à la production et à la consommation démontrent de l'incohérence entre les discours et les actes des différents acteurs de la chaîne alimentaire. L'étude des systèmes agricoles intégrés dans des chaînes de distribution longues permet de renseigner les causes de l'immobilisme de la transition à l'échelle de la consommation « sur mesure » de masse. Dans une perspective comptable, nous cherchons à relier le labeur du producteur à la décision d'achat des consommateurs en communiquant sur les efforts de préservation des enjeux naturels et humains à travers une compréhension plus large des coûts de revient, qui intègrent les différentes charges supportées par l'agriculteur pour préserver ses capitaux naturels et humains. En étudiant les principales initiatives allant dans ce sens et issues des sciences économiques, des initiatives privées ou publiques, nous concluons sur l'importance de la mise en place globalisée d'une comptabilité écologique issue de l'architecture comptable CARE dans le secteur agricole. C'est en adoptant des outils d'aide à la décision en soutenabilité forte, revendiquant la double-matérialité et sur les bases d'une comptabilité en coûts réels révélée au consommateur final dans une logique d'accountability que l'agriculteur peut démontrer de son engagement dans une trajectoire de production durable, respectant des seuils de bons états écologiques des écosystèmes impactés par l'activité sur des bases scientifiques et/ou techniques.