La politique économique face au rebond inattendu de l’inflation

De nouveau, le spectre de l'inflation hante la réflexion sur les stratégies de politique monétaire et les leviers budgétaires. Après avoir opté, en réponse à des menaces de déflation, pour des taux directeurs très bas et des assouplissements quantitatifs au moyen d'achats massifs de titres, les banques centrales sont appelées aujourd'hui à mener des actions destinées à orienter les anticipations d'inflation à la baisse et à retrouver la stabilité des prix. Les décisions de Bank-Al-Maghrib de procéder à des relèvements progressifs du taux de refinancement participent de la même attitude. À examiner les soubassements de ces décisions à l'aune du référentiel de la politique monétaire, on s'aperçoit que l'art de la Banque centrale s'inspire d'un principe de base : l'utilisation du taux d'intérêt comme un instrument de pilotage des anticipations en vue d'infléchir les taux longs vers un niveau compatible avec la décélération de l'inflation. Plus que pendant la crise sanitaire : la politique budgétaire a un rôle essentiel à jouer dans cette configuration. Les mesures adoptées par le décideur public contribuent à la modération de la hausse des prix de certains biens, mais s'avèrent d'une efficacité limitée révélant ainsi les carences d'ajustements de marché escomptés par la libéralisation des prix des hydrocarbures. Résultat des comportements de marge des entreprises, l'exhaussement général des prix prend la forme d'une inflation d'offeurs. Dans ce contexte, la maîtrise de l'inflation et la promotion de la stabilité macroéconomique requiert la limitation des pouvoirs de marchés et l'extension de l'espace budgétaire par l'augmentation des recettes fiscales comme contreforts de la politique monétaire.