Une revue de littérature pour la création d'un modèle explicatif de la santé mentale des entrepreneurs, dans un contexte d'innovation

Malgré la multitude de travaux traitant sur la personnalité des entrepreneurs, ces derniers présentent de nombreux problèmes méthodologiques (Markman & Baron, 2003). En ce sens, il n'existe pas de profil de personnalité général d'un entrepreneur qui réussit, même si les chercheurs trouvent des différences de caractères qui distinguent les entrepreneurs, des non-entrepreneurs, notamment par les traits de personnalité ; tels que la proactivité (Crant, 1996; 2000) ; l'autonomie, la tolérance à l'ambiguité (Kickul & Gundry, 2002) ; le besoin d'accomplissement (Chell, 2008) ; ou encore la créativité et l'innovation (Ward, 2005; Weitzel & al., 2010). Cependant, selon plusieurs auteurs (McCline & al,2000 ; Omrane & al., 2011 ; Gabay-Mariani, 2016), la principale différence se situe dans le processus de reconnaissance des opportunités, le contrôle de l'environnement et la tendance à la réussite dans le contexte entrepreneurial. Cela interpelle alors les actions des entrepreneurs, ainsi que les capacités nécessaires à la réussite du lancement et du développement de leur entreprise (Bygrave 1993; Carter, Gartner & Reynolds, 1996; Gartner & al, 1999). Par ailleurs, selon De Hoe & Janssen (2016), le capital psychologique occupe une place importante dans la compréhension du processus entrepreneurial. D'après ces derniers, un capital psychologique élevé permettrait à l'entrepreneur d'amener plus facilement son entreprise à la réussite, mais aussi, de mieux appréhender, vivre et apprendre des potentiels échecs, auxquels il devra faire face, tout au long de son processus entrepreneurial. Ainsi, un entrepreneur faisant, par exemple, preuve d'auto-efficacité (Markman & Baron, 2003 ; Robertson & al, 1993), d'adaptation (Rwigema & Venter, 2004), de créativité (Botha, 2006; Rwigema & Venter 2004:57), ou encore d'innovation (Botha & al. 2007), pourrait dans des conditions différentes, notamment lorsqu'il subit un déséquilibre entre sa vie personnelle et professionnelle (Lourel & al, 2015), ne plus répondre des traits de personnalité (Stoner, Hartman & Arora, 1990) qui lui été jusqu'alors attribués et il pourrait ne plus avoir la capacité de mener à bien les activités nécessaires, à la réussite de son entreprise. L'objectif de ce papier est de faire un état de l'art des conditions psychologiques, correspondant à des variables indépendantes, menant l'entrepreneur au bien-être, ou au burnout, et par prolongement au succès ou à l'échec son entreprise, en explorant le rôle médiateur de l'engagement. En effet, selon plusieurs travaux, un bien-être mental, facilite le succès de l'entreprise (Frese & al, 2014 ; Wach & al., 2016), tandis qu'un burnout mène à l'échec de cette dernière (Omrane, Kammoun, Seaman, 2018 ; Ben Tahar, 2014, Frese & al, 2014). En effet, le bien-être psychologique des entrepreneurs constitue une ressource cognitive et affective, pour la réussite du travail (Hobfoll, 2001), notamment dans le cadre d'une activité entrepreneuriale. Enfin, la richesse de notre travail réside dans l'agencement des différents concepts, notamment par l'intégration des concepts de passion harmonieuse et passion obsessionnelle, dans le concept d'engagement, comme deux concepts gigognes, permettant une compréhension plus fine de ce dernier, aussi, nous approchons la notion de reconnaissance sous quatre dimensions, que nous déployons par plusieurs agencements et combinaisons potentielles. Puis, nous postulons qu'il existe un état intermédiaire de burnout (Frese & al., 1987), permettant une réussite court-termisme de l'entreprise.