Sortir sans s’en sortir ? Mobilité et pauvreté à Dakar

L'objectif de ce chapitre est de contribuer à la compréhension des liens entre pauvreté et mobilité quotidienne, en se basant sur le cas de Dakar (Sénégal). Nous souhaitons apporter des éléments de réponse aux questions suivantes. Le fait d'être pauvre influence-t-il les pratiques de déplacement des citadins et, dans l'affirmative, quelles sont les caractéristiques particulières de la mobilité des pauvres ? Les pratiques de mobilité des pauvres sont-elles susceptibles de leur permettre de sortir de la pauvreté ou de les y enfermer ? Nous présentons la zone d'étude et les données empiriques utilisées, puis la définition des situations de pauvreté, en distinguant les ménages pauvres, les ménages démunis, des ménages non pauvres. Nous examinons ensuite la mobilité des populations pauvres, avant d'analyser l'accès à trois activités essentielles (l'école, les achats et le travail) des populations pauvres résidant en périphérie (Keur Massar). La métropole de Dakar, par son développement spatial et les caractéristiques géographiques de sa localisation, présente une forte dissociation entre lieux d'activité et lieux de résidence. La mobilité quotidienne est un poste de dépense important pour les ménages dakarois. Les déplacements pour les achats alimentaires sont plus difficiles pour les citadins appartenant à des ménages pauvres et plus encore pour ceux qui font partie de ménages pour les urbains démunis. La marche à pied sur de longues distances est la norme, l'accès aux transports publics plus rare que pour les citadins membres de ménages non pauvres. Ces caractéristiques de mobilité contribuent à négativement à la situation des ménages pauvres. A moyen et long terme, un accès physique plus difficile des enfants des ménages pauvres à l'offre scolaire a un impact négatif sur la poursuite des études et l'accès éventuel à des emplois plus rémunérateurs.