Entre-soi et rareté des biens, ou comment la distance sociale et symbolique valorisent le capital. Le cas de l'immobilier de luxe en France

Avec l'abaissement progressif des coûts de transport, l'essor des processus d'intégration régionale et l'avènement des nouvelles technologies de l'information et des communications, la notion de distance est passée depuis plusieurs décennies au second plan de l'analyse régionale. Toutefois, le contexte récent marqué par le changement climatique, la persistance des effets de la crise sanitaire du Covid-19 et le retour de l'instabilité géopolitique en Europe a permis aux communautés scientifiques et politiques de redécouvrir le rôle fondamental de la distance à l'échelle des territoires. Les nombreux débats autour de phénomènes tels que la montée des prix des matières premières, les ruptures d'approvisionnement liées aux blocages du fret, la souveraineté alimentaire et industrielle, le métabolisme territorial, les déserts médicaux et plus généralement la centralisation des services publics sont autant de manifestations du retour de la distance comme contrainte forte de développement territorial.Ces réflexions deviennent même de la première importance pour les territoires enclavés et insulaires dont la principale caractéristique, la périphéricité voire l'ultra périphéricité, s'appréhende naturellement par rapport à leur situation d'éloignement et d'isolement. Le 59e colloque de l'ASRDLF, en portant la thématique principale « Les territoires périphériques et ultrapériphériques face aux crises majeures. Le retour de la distance », souhaite ainsi encourager les travaux permettant une analyse renouvelée du concept de distance dans un environnement contemporain et futur dessiné par les conséquences importantes et durables de chocs exogènes de grande ampleur de plus en plus fréquents.