Une lecture comptable et unitaire de la loi de la valeur

Ce texte est la première partie du dernier chapitre d'une thèse qui s'attache à analyser les alternatives monétaires à l'aune de la théorie monétaire marxiste. L'objectif du texte est de restituer brièvement la structure de cette dernière théorie à partir d'une lecture à la fois unitaire et comptable de la loi de la valeur. Ce prisme interprétatif permet d'identifier le contenu empirique des catégories marxistes, qui n'ont plus à être simplement réduite à leur caractère heuristique. Cette lecture est unitaire : il n'y a pas le monde des valeurs et le monde des prix entre lesquels il faudrait trouver une improbable et impossible procédure de transformation ; la "substance" de la valeur n'existe que par sa forme, c'est-à-dire à travers et dans la monnaie, de sorte qu'il n'y a pas lieu de rejeter la théorie marxiste pour sa supposée "hypothèse substantielle". Cette lecture est comptable : il n'est pas nécessaire de reconstituer une comptabilité marxiste alternative à la comptabilité nationale ; il s'agit plutôt de retrouver la piste des grandeurs marxistes dans les conventions comptables usuelles qui découlent et informent des pratiques comptables qui "font" la valeur. On articule le concept-clé des lectures unitaires, l'équivalent monétaire de l'heure de travail (qu'on pourrait aussi dénommer la "valeur d'échange de l'argent) avec l'opérationnalisation propre aux lectures comptables de la distinction entre travail improductif et travail productif (de valeur). Cela permet d'avancer une méthodologie de mesure du taux d'exploitation lorsque l'exploitation est de nature marchande-capitaliste. Au-delà de la possibilité de comparaison des taux d'exploitation individuels et sectoriels, cela permet de revenir, d'une part, sur le débat autour de la notion proposée par Harribey de "valeur non-marchande".