La RSE : facteur de durabilité pour les entreprises ?

Le livre de Howard R. Bowen intitulé Social Responsibilities of the Businessman a été publié en 1953. Il a inspiré la théorie des parties prenantes (Freeman 1984) et la RSE que nous connaissons aujourd'hui. Comme son titre l'indique, l'ouvrage traite exclusivement de la responsabilité sociale. Le terme « environnement » est employé à de très nombreuses reprises mais toujours pour désigner les conditions de l'offre et de la demande. Ce n'est jamais pour souligner l'impact de l'activité de l'entreprise sur la biodiversité, sur la composition de l'atmosphère ou sur la fertilité des sols. Bien sûr, cette lacune n'est pas très surprenante pour l'époque. L'ouvrage de Bowen est un plaidoyer pour l'économie mixte, rédigé d'un double point de vue. Celui du protestantisme mais également celui du keynésianisme. Bowen note qu'après la période du New Deal, les hommes d'affaires sont devenus très méfiants vis-à-vis de toute réglementation nouvelle et il appelle donc à contenir la logique de maximisation du profit par l'adoption volontaire de certaines normes sociales. Vingt ans plus tard, il tire toutefois un bilan critique de son essai (Bowen 1978). Il considère désormais que l'idée d'une responsabilité sociale de l'entreprise totalement volontaire n'est pas réaliste et il avance donc l'idée d'une démarche plus contraignante. Il s'appuie sur une analyse historique pour montrer que "l'ampleur du débat sur la responsabilité sociale a été inversement proportionnelle au degré de confiance du public dans la gouvernance d'entreprise". Je vais reprendre et prolonger cette approche afin de montrer que la RSE ne sera vraiment un facteur de durabilité que si elle contribue à transformer les structures au sein desquelles se déploie l'activité économique.