Réputation médiatique et demande de théâtre public en France

Alors que l'incertitude sur la qualité est forte, les études économétriques sur la demande des spectacles indiquent en général que les variables des critiques dramatiques sont insignifiantes. Je propose d'expliquer ce paradoxe par un impact opposé des jugements des différents groupes de médiateurs sur les spectateurs potentiels, annulé quand on agrège les résultats. Je teste cette hypothèse dans un modèle de régression multiple qui explique la fréquentation payante par représentation des institutions théâtrales de 1995 à 1997. Les variables explicatives sont des variables continues de prix, volume et des variables dichotomiques sur les critiques dramatiques, les représentations achetées à d'autres institutions, les subventions publiques et le répertoire. Dans un groupe d'institutions, les spectateurs se fient à la réputation médiatique des spectacles dramatiques et s'éloignent des programmations trop ouvertes aux dirigeants des institutions théâtrales. Dans l'autre groupe, la relation de confiance est inversée au profit de la réputation artistique des metteurs en scène institués. Cependant la fréquentation par représentation de l'année précédente et la jauge sont les deux variables explicatives dominantes, l'institution théâtrale étant ainsi perçue comme un repère principal.