Un théâtre d'ombres : le Vietnam entre la Chine et l'ASEAN au lendemain de la crise asiatique

Le Vietnam n'avait jamais connu, depuis la réunification du pays en 1975, autant de bouleversements en une décennie qu'au cours de celle qui vient de s'écouler. Or depuis 1997, il donne l'image d'un pays menacé qui se referme sur lui-même. Plusieurs raisons permettent d'expliquer cette contenance. D'une part, même s'il est peu intégré à l'économie régionale, le Vietnam n'a pas échappé à la zone de turbulences de la crise asiatique : le Parti communiste vietnamien (PCV) a pris acte de son évolution et de ses conséquences politiques. D'autre part, une série d'événements sont à l'origine de ce qui peut paraître de la frilosité : l'arrivée au pouvoir en Corée du Sud de l'ancien dissident Kim Dae Jung, qui a été l'objet de longs débats ; les effets de la mondialisation et ses risques politiques, sur lesquels le Bureau politique est revenu ; l'écroulement des économies asiatiques, qui a fait prendre conscience au gouvernement vietnamien de son appartenance à un monde de plus en plus interdépendant. Mais ces facteurs extérieurs ont sans doute moins pesé au cours des dernières années que les impératifs politiques de stabilité. A l'abri des regards, la République socialiste du Vietnam (RSV) est prête à tous les sacrifices pour préserver une stabilité politique et sociale, et l'impression d'immobilisme politique qu'elle peut suggérer est trompeuse...