Et si la majorité des chrétiens étaient des déistes ?

Il faut sans doute reprendre à nouveaux frais le problème de l'identité chrétienne en Europe, qui intéresse à la fois les ethnologues et les sociologues, en sortant du schéma qui consiste à penser cette identité en cercles "cérémoniels" et les terres lointaines des "sans religion", schéma ecclésio-centrique issu des analyses en terme de déchristianisation. En partant notamment des analyses de Jan Kerkhofs et de Lilane Voyé, on peut faire l'hypothèse qu'il existe en réalité deux sous-ensembles principaux à l'intérieur du christianisme (parmi ceux qui se déclarent chrétiens) : un christianisme ecclésial et un christianisme déiste. Ce dernier, caractérisé par une pratique essentiellement limitée aux cérémonies, par la croyance en une transcendance plus ou moins vague et par un comportement très indépendant des églises, serait une forme religieuse spécifique de la modernité actuelle, un déisme chrétien, chrétien par héritage historico-culturel, mais, en fait, largement autonome.