L’intégrité au fondement de la confiance et de la bienveillance. Une alternative à l’Homme opportuniste

Une conception opportuniste de l'Homme prévaut dans les théories économiques. Dans The Nature of Man, Jensen et Meckling (1994, p. 5) élargissent le champ d'application des sciences économiques à toutes sortes d'objets : « connaissances, indépendance, détresse des autres, environnement, honneur, relations interpersonnelles, statut, approbation des pairs, normes sociales, culture, richesse, règles de conduite, le temps qu'il fait, la musique, les arts, etc. ». L'unité de la discipline est assurée par le principe que l'Homme est un optimisateur. Il s'agit toujours, pour lui, de maximiser sous contrainte son utilité. Si une circonstance nouvelle se présente, il refait un calcul et prend la décision qui lui apporte le maximum d'utilité. En 2006, Erhard, Jensen et Zaffron (2016) ont commencé à travailler sur le thème de l'intégrité et ont mis en ligne un cahier de recherche. Apparaît en filigrane un modèle de l'Homme alternatif à celui de l'opportuniste avec une vision de la nature de l'Homme différente de celle de Jensen et Meckling (1994). Autant l'Homme intègre pèse le pour et le contre avant de s'engager, autant son engagement est pour lui irrévocable. Un nouveau calcul optimisant, dont on comprend qu'il pourrait le faire revenir sur son engagement notamment en cas d'événement imprévu défavorable, lui est étranger. Pour les auteurs, l'intégrité est une source de performance. Dans cet article, nous proposons une analyse de ce nouveau modèle de l'Homme.