Evaluation des dommages des marées noires : illustration à partir du cas de l'Erika et des pertes d'aménités des résidents

Les dommages du naufrage de l'Erika ont été relativement limités dans le temps mais ont touché un littoral très peuplé et proche d'une agglomération importante, celle de Nantes. Il s'ensuit que les pertes d'aménité de la population locale ont représenté une proportion beaucoup plus importante des dommages totaux que dans le cas des autres marées noires. Cette particularité fait que des efforts significatifs ont été consacrés aux conséquences sur la pêche à pied qui est le principal loisir de plein-air pendant la période hivernale et au printemps. Deux enquêtes auprès de la population du littoral touché par la pollution et de celle de Nantes ont permis d'évaluer les effets de la marée noire sur la pratique de la pêche à pied au cours du semestre qui a suivi le naufrage. En l'absence de marée noire, la fréquentation minimale aurait été d'environ 2,8 millions de visites. Mais la majorité des pêcheurs à pied a abandonné cette activité, ce qui s'est traduit par une perte évaluée à 1,9 million de visites. Dans trois cas sur quatre, d'autres activités de plein air, la promenade en particulier, ont alors remplacé la pêche. La synthèse des données spécifiques recueillies après la marée noire auprès de la population touchée et de données d'autres enquêtes aboutit à une évaluation des dommages proche de 100 millions d'euros, valeur du même ordre de grandeur que les dépenses de nettoyage et de restauration. Cette évaluation participe donc à la prise de conscience sur l'importance des pertes d'aménité dans l'ensemble des coûts sociaux des marées noires.