, "Les institutions : une pression à la créativité organisationnelle ? "

Explorer de nouveaux horizons permettent aux entreprises de s'assurer une survie possible dans l'avenir, mais les résultats sont incertains et visibles sur le long terme. En revanche, exploiter l'existant offre des résultats certains et concrets sur le court terme, mais n'assure pas la pérennité des entreprises. Face aux exigences des parties–prenantes, les organisations ont souvent tendance à suivre la voie de l'exploitation. Comment alors inciter les organisations vers l'exploration ou l'action créative ? Ford (1996) rapproche le concept de « créativité organisationnelle » à celui des « institutions. » Or, la créativité organisationnelle génère des résultats créatifs, tandis que les institutions génèrent notamment des réponses stratégiques isomorphiques. Concilier alors ces deux concepts semble a priori paradoxal. L'objet de ce papier est d'offrir des pistes de réflexions permettant de comprendre ce rapprochement. Ainsi, nous présenterons dans une première partie des caractéristiques du champ de la créativité organisationnel et de celui des institutions pour mettre en évidence, dans une seconde partie, des jonctions possibles : la prise en compte de l'environnement lors de l'élaboration des cartes de représentation de chaque individu, le nombre de rôles occupés par l'individu dans l'organisation et dans les institutions, et la gestion de la pression du temps. En guise d'illustration, nous décrirons quelques événements liés au développement du design industriel en France, où les institutions ont agi pour légitimer l'intelligence sensible face à l'intelligence rationnelle.