Appropriation d'une solution TIC de gestion pédagogique: un processus social itératif

Les solutions TIC de Gestion ont investi considérablement nos environnements de travail. Venant bousculer nos pratiques et nos organisations, elles ont ouvert aux chercheurs tout un champ d'exploration. Censées rendre notre travail plus efficace, les milieux académiques et administratifs ont massivement développé ou implémenté les solutions TIC de gestion dans leurs systèmes d'information. Pour comprendre les phénomènes collectifs d'appropriation, nous proposons d'analyser l'implémentation d'un outil de Gestion pédagogique dans un établissement scolaire. Réalisée durant un an, cette étude empirique s'est focalisée sur les processus d'appropriation d'une solution TIC. Partant de l'hypothèse que la réussite dépend du partage cognitif d'un imaginaire technique dans l'action (Flichy, 1995, 2001) et de l'acceptation (Davis, 1986, 1989) de l'outil, le croisement de l'approche sociotechnique de la traduction ( Akrich, Callon & Latour, 1988) de l'outil et l'approche structurationniste (Giddens, 1984, Orlikowski 1992, 2000, De Sanctis & Poole, 1994), nous semble apporter des éléments d'analyse intéressants. Ainsi, au travers de cet article, nous mettrons en évidence l'itération de l'innovation et de l'appropriation dans les phénomènes d'interaction entre la traduction de l'outil et la structuration des propriétés. Nous constaterons que l'évolution des pratiques et de l'outil est le résultat de compromis où les acteurs trouvent un intéressement toujours plus important. Pour expliquer ce phénomène, nous analyserons, d'une part, comment l'imaginaire technique des individus permet, en partie, de produire les propriétés de signification, et d'autre part, comment la production des propriétés de domination et de légitimité sont liées, en partie, à l'acceptation de l'outil par le gain de ressources et la production de nouvelles normes que la solution TIC représente. Enfin, nous verrons que l'imaginaire technique partagé influence l'attitude envers la technologie, non seulement en termes d'acceptation mais également en termes d' « enaction ».