Soutien aux bas revenus, réforme du RMI et incitations à l’emploi : une mise en perspective

La mise en évidence de trappes à pauvreté en France - liées à l’existence de taux marginaux de prélèvements supérieurs à 100% sur les bas revenus – a conduit de plus en plus de travaux à insister sur les problèmes d’incitation au travail et sur le caractère « volontaire » d’un grand nombre de situations de chômage. Des mesures permanentes de soutien aux bas revenus, telles que l’Allocation Compensatrice de Revenu (ACR), ont été proposées et souvent justifiées par la nécessité de rendre le travail rémunérateur et d’éviter que des individus ne s’enferment dans des situations durables de non-emploi. En se plaçant dans un cadre dynamique, intégrant les possibilités de transition sur le marché du travail, cet article montre que la présence d’une trappe statique (le travail ne paie pas immédiatement) n’implique pas nécessairement l’existence d’une trappe dynamique et de problèmes d’incitation à la reprise d’emploi. L’attention croissante récemment accordée à ces problèmes d’incitation au travail paraît donc excessive et l’importance des situations de chômage « volontaire » probablement surestimée. Pour répondre à ces problèmes d’incitation, quand ils existent, on suggère qu’une subvention temporaire à la reprise d’emploi, tel que le mécanisme actuel de l’intéressement, est aussi efficace et moins coûteuse qu’une subvention permanente de type ACR. C’est avec des arguments redistributifs plutôt qu’incitatifs qu’il convient de justifier la mise en place d’une subvention permanente à la reprise d’emploi.