Les propriétés sociales des conducteurs de 4X4 : Style de vie et rapport à l'espace

Alors que l'automobile a été peu étudiée par la sociologie de la consommation [Lannoy, 2003], elle constitue un objet pertinent pour en discuter les analyses classiques et contemporaines. A partir d'un objet original, le 4x4, engin permettant à la fois de sur-performer au sein de la concurrence pour la route et de pouvoir également s'en extraire, par ses capacités tout-terrain, il s'agit de discuter les remises en cause dont le modèle de La distinction [Bourdieu, 2000] a fait l'objet. A partir de l'exploitation de l'Enquête Nationale Transport et Déplacements (2007-2008) menée par l'INSEE, il s'agit de comparer des mouvements de diffusion d'un objet en France et aux Etats-Unis, et d'appréhender les groupes sociaux au coeur de cette appropriation. Ce sera aussi l'opportunité de discuter les analyses de David Gartman. Si, comme l'affirme ce dernier, « l'essor d'une pluralité de sous-groupes non-hiérarchisés, non liés à une classe sociale, a fragmenté le marché de masse, de telle sorte que chaque groupe exige des biens différents pour exprimer sa propre identité » [Gartman, 2002], le marché automobile ne serait plus un marché de classes. Or, le segment du 4x4 est un terrain pertinent pour tester une telle hypothèse. Il s'agira de répondre à ces questions : le 4x4 est-il propre à une classe sociale et/ou à un style de vie homogène ? Que nous apprennent les phénomènes de diffusion d'un tel bien aux Etats-Unis et en France sur les logiques symboliques de l'automobile au sein de ces deux pays ?