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Dans la société française, le travail peut apporter plus qu’un salaire : à certaines professions sont associés un statut, une considération sociale, tandis que d’autres sont stigmatisées. Au-delà de la relation purement marchande liant travail et salaire, nous observons ainsi des décalages systématiques entre le salaire d’une part et la satisfaction dans la vie ou la satisfaction au travail d’autre part. Ainsi, les cadres du secteur public et les enseignants déclarent des niveaux de satisfactions plus élevés que les cadres du privé, malgré des revenus nettement inférieurs. Les professions intermédiaires sont très homogènes en termes de salaire, mais leur satisfaction couvre large éventail. Parmi les employés, la satisfaction dans la vie suit assez bien le niveau de salaire, mais recouvre des différences marquées dans la satisfaction au travail. Le monde ouvrier se caractérise par de forts clivages, avec une insatisfaction importante des ouvriers non qualifiés et des ouvriers qualifiés de l’industrie. Parmi les indépendants, les artisans se caractérisent par une faible satisfaction dans la vie, mais une forte satisfaction au travail au regard de leur niveau de revenu. Lorsqu’on neutralise tant le revenu que les autres éléments connus pour affecter la satisfaction – sexe, diplôme, nombre d’heures travaillées, âge, etc., ces différences restent substantiellement les mêmes, ce qui suggère que ces écarts sont liés aux conditions d’exercice des professions non compensées par le salaire, et aussi par la considération sociale dont chaque métier bénéficie. Il est possible sur cette base de construire un équivalent monétaire du surplus ou du défaut de satisfaction attaché à chaque profession. Selon cette métrique, le supplément de satisfaction des cadres de la fonction publique équivaut à 50 % de leurs revenus. Ces constats contrastent évidemment la crise de recrutement que traversent de nombreux métiers de la fonction publique. Il est possible que la crise du Covid-19 ait accéléré une évolution des représentations des conditions d’exercice de certains métiers, dans le secteur public en particulier, conduisant à une réduction du surplus de satisfaction attaché à leur exercice.
Suggested Citation
Perona, Mathieu, 2023.
"Plus qu'un travail,"
Notes de l'Observatoire du bien-être
2309, CEPREMAP.
Handle:
RePEc:cpm:notobe:2309
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