Ce dont on ne peut pas parler, il faut le taire" : le sort de l’évolutionnisme de "La Richesse des Nations

Voilà soixante quinze ans l’économiste américain Allyn Young (1928), quelques mois avant sa mort prématurée, prenait part au débat sur les coûts décroissants. C’est l’héritage d’Alfred Marshall qui était débattu au cours des années 20 et avec lui, la viabilité théorique du système concurrentiel. Young tentait de dépasser le paradoxe apparent hérité des analyses mécaniciste et organiciste de Marshall, et, dans un souci permanent de réalisme, de présenter une image fidèle de la vie économique : la vision de Young se plaçait dans une perspective évolutionniste, et plus précisément dans celle de l’évolutionnisme économique d’Adam Smith. Le salut de la discipline passait donc selon Young par un retour à la vision plus inclusive du maître classique. Trois quarts de siècle plus tard, force est de constater que le message de Young n’a été que peu entendu. Si l’évolutionnisme redevient à la mode depuis une vingtaine d’année, on lui associe généralement le nom de Schumpeter, mais pas de Smith.