Méditations environnementales autour du phénomène «Bové». La non-violence à l'épreuve de la nature

Le combat de José Bové, posant l'agriculture paysanne respectueuse de la nature comme victime de la mondialisation et d'un progrès scientifique dévoyé à des intérêts purement mercantiles, s'est attiré une sympathie populaire étonnante alors même que ses moyens d'action devenaient illégaux. L'intérêt de ce phénomène réside dans les attaques de José Bové contre l'économie de marché et la justice institutionnelle, deux aspects prépondérants du modèle de société occidentale supposés garantir une paix durable et prospère à ses membres, autrement dit une certaine justice sociale. Il n'est donc pas indifférent de noter qu'il se revendique non violent, invoquant la légitime défense pour justifier ses entorses à la loi. Son combat se veut planétaire et prétend fédérer les victimes du marché mondialisé. Cette interprétation critique du processus de globalisation se démarque radicalement de celle proposée par René Girard. Pour ce dernier, la mondialisation serait moins le fait des appétits mercantilistes de firmes multinationales noyautant et manipulant les instances internationales pour étendre leurs marchés que celui des progrès du souci des victimes, s'exerçant par exemple dans l'application du droit d'ingérence humanitaire. Cette thèse découle d'une analyse anthropologique de la révélation judéo-chrétienne et de ses conséquences sur la maîtrise de la violence au sein des sociétés humaines. A partir des thèses girardiennes, l'article propose une relecture des aventures de José Bové où la nature et le souci moderne de sa préservation jouent le rôle de tiers médiateur, sujet ou objet de nos rapports éthiques à autrui : inspiratrice de nos conduites morales, mais également lieux et enjeux de conflits éthiques aujourd'hui des plus virulents.(This abstract was borrowed from another version of this item.)